D’une saison à l’autre

Amen, de Eva van Manen, traduction à plusieurs mains

Le sel goûte ma peau, venu(e) de la mer.
J’ai nagé depuis la plage de galets,
où une mère, une fille,
une petite fille marchent comme des girafes sur les rochers.


Alors j’aime les gens.

Les chaussures aquatiques, je trouve cela aussi adorable.


Et mes larmes se mêlent à l’eau salée. Je deviens moi-même
Eau de mer, nage en moi !


Amen pour la terre, pour la pluie, l’eau,
Pour les écrivains qui font naître des mondes,
qu’on n’avait encore jamais vus.


Amen pour le regard et
Amen pour les questions.
Amen pour les arbres,
pour les racines dans l’argile grumeleuse, la tourbe, le sol sablonneux,
pour les plaques de roche qui jaillissent de la terre
comme si elles protégeaient un noyau.


Amen pour ce noyau et
Amen pour la terre sur laquelle on peut marcher, sur laquelle on peut se perdre et à laquelle on peut retourner.


On se croit dans un pays hivernal où personne n’a encore mis les pieds,
Le bleu, le craquement, les héron cendrés, les cigognes
Et Amen pour la fin de cette foutue année, dis-tu.


Amen pour ce moment où je comprends enfin ce qu’est l’amitié,
Et ce que veut dire “inconditionnel”, dans un temps creux, vide
où je regardais, où nous avions perdu chaque noyau,
et je ne voyais rien, que chaque nécessité trouve sa source dans le coeur,
et veut dire quelque chose
qui devient un courant contraire, et nous perdons notre temps, nous nous perdons les uns les autres,
parce que tu ne sembles pas croire en ma vision du monde


Alors qu’une grande partie de ce dont nous parlons,
Ne nous appartient pas, mais appartient à une couche quelque part au-dessus.
Mais que les lumières sont éteintes,
derrière les fenêtres de ceux qui sont responsables,
quand tout a été vendu,
et que nous crions si fort les uns contre les autres,
que nous ne voyons pas les oies, les mouettes,
les ouvriers des ports, aux mains rugueuses,
les barrières qui sont construites le long de nos frontières,
les gens sur ces bateaux qui voulaient fuir la mort,
les mains rugueuses, les loyers trop élevés,
tout est trop cher,
nous n’entendons pas


Mais malgré cela,
Amen pour la possibilité des particules
et des atomes qui se divisent en nous,
et la paire d’électrons libres qui se trouvent dans nos cellules,
et qui ne font que se rapprocher les uns des autres,
qui veulent établir des liens,
et même si vous avez parfois du mal à dire,
que vous ressentez ce que vous voulez vraiment dire,
Être tout cela ensemble.


Amen pour la connexion,
Amen pour la chaleur,
et Amen pour la raison,
car je pense qu’il n’y a personne
qui ne se demande actuellement
ce qui se passe,
parce que nous avançons,
mais pas dans la bonne direction,
parce que vous sentez aussi que cela ne va pas,
produire plus, acheter plus,
plus à l’horizon, plus d’espoir,
mais qu’il est si difficile d’arrêter par peur de tomber


Mais amen pour la lourdeur,
et l’embrasser comme un commencement,
pour les algues qui ondulent,
pour le geste d’adieu,
pour le corail qui meurt,
et la couleur qui monte à nos joues à la place.


Amen pour cela,
pour ce sentiment que cela nous touche,
amen pour les étourneaux,
les martinets, les moineaux, la neige sur les sommets des montagnes,
les cratères, les lacs, les forêts,
la température de l’air dans vos poumons,
et Amen pour le fait que notre monde devient de plus en plus petit,
jusqu’à ce que nous entraînions la planète, dans notre être,
parce que nous ne sommes plus nulle part.
Amen pour les microbes,
les reptiles, les amphibiens,
les organismes, les sapins morts à cause de la sécheresse,
les sommets tombent comme des cadavres.


Amen pour les couronnes dans les vagues,
pour les gens sur ces bateaux, qui voulaient échapper à la mort,
amen pour la recherche d’une arche de Noé,
pour la recherche d’une alternative,
d’une possibilité,
et Amen pour toi parce que tu es si gentil.


Je te trouve si gentil.


Même si je sais que l’amour n’est pas forcément
réciproque, cela n’a pas d’importance


Mer.
sable.
eau.
sel.
air.
herbe.
arbre.
terre.
planète.
globe.
Je t’aime.

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